Question d’un lecteur: « Que faire pour mieux vendre mon jeu »

28 décembre 2008 - 18:52 | Dans Questions - Réponses | 9 commentaires

Une question portant sur des jeux finis et sur leur commercialisation qui pose certains problèmes.
Et pour commencer, pardon au lecteur pour avoir mis autant de temps à répondre, car là j’ai battu un record je crois 🙂


Bonjour Dam’s,

je viens de finir mon troisième jeu « Orisha », la suite de « Alhomepage, les premières expériences » sorti l’an dernier. « Orisha » est disponible depuis septembre. Le lien : http://www.alhomepage.com

Comme son prédécesseur, c’est jeu de type Myst-like (réflexion/énigme) que j’ai réalisé seul. Le jeu est développé sous Flash/Zinc et comprend des bandes musicales originales, un environnement 3D précalculé, des vidéos et un scénario particulièrement travaillé.

Le jeu s’adresse à une gamme assez large de joueurs : les nostalgiques de Myst et Riven, les joueurs occasionnels plutôt adultes en attente de jeux vidéo un peu plus sérieux que la plupart des titres sur le marché, des gens qui aiment qu’on « leur raconte une histoire » sans avoir à sauter sur une plateforme/tuer un million de monstres/connaître l’histoire de France.

L’objectif du projet était de donner une suite honorable aux « Premières expériences » qui, a fortiori, est un jeu tirant trop du côté des puzzle-games. Avec « Orisha », j’ai voulu donner le maximum dans chaque domaine ; visuel, musical, narratif. L’arrière-plan philosophique (sans orgueil) du jeu traite de la volonté et du rapport entre la créature et son créateur. Cela ne fait pas pour autant du jeu un produit imbuvable : Orisha reste un jeu où on s’amuse sans trop se prendre la tête !

Les deux projets sont autoédités. Je suis en SARL et je sors des jeux vidéo parce que j’avais envie de le faire depuis mon parcours à l’école des Gobelins. Faute d’avoir suivi des formations dans le secteur, de moyens et de relations dans le milieu, je fais donc de l’auto-prod. J’ai vendu à l’heure actuelle plus de la moitié des produits pour les deux projets (petits tirages en sérigraphie).

Côté communication, j’ai contacté plusieurs forums d’amateurs de ce genre de jeux. J’ai d’ailleurs participé à une rencontre de joueurs l’an dernier qui étaient étonnés par mes réalisations, leur qualité. Je suis également référencé sur des sites généralistes (téléchargement de la démo technique gratuite). Quelques interviews également. J’ai enfin contacté des forums de techniciens et là, pas de mystère, ça n’intéresse manifestement personne.

Mais je stagne. Je ne sais pas trop quoi faire, qui contacter. J’ai épuisé le filon « bouche à oreille », « copinage », « forums spécialisés ». Que puis-je faire maintenant ? Avez-vous des pistes ?

Enfin, j’ai découvert que la plupart des portails de jeu vidéo sont très « snobants ». Également du côté des associations de « soutien aux créateurs » où leur action est trop en amont par rapport à ma situation. Ou bien ils ne répondent pas. Les FlashFestival et autres concours de création sont aussi très fermés, certainement par élitisme.

Dans l’attente de votre réponse
Cordialement

Alexandre Venet (AL)

Ok,
je vais donc procéder par thème. Pour simplifier, je vais m’intéresser qu’au dernier jeu: Orisha.

Le jeu en lui même
Clairement, chapeau !
C’est joli, ça a un style propre, ça a son ambiance, et c’est très adapté au style du jeu.

La démo
Là par contre, gros point négatif. La démo technique ne permet que de faire un aller retour sur 3-4 plans… et c’est tout !
Et là, ça fait pire que mieux:

  • On a l’impression d’avoir perdu notre temps ! (quel intérêt de faire un aller retour dans un couloir ?)
  • On apprend rien de l’histoire qui peut nous donner l’eau à la bouche
  • On ne voit pas assez de gameplay qui peut donner envie
  • Si la démo se boucle en 30 secondes, on se dit que le jeu doit durer 10 minutes à tout casser !

Bref, en jouant à la démo, ça fait presque tout sauf donner envie d’acheter le jeu ! Il faut revoir ce point. Il faut que ta démo soit vraiment une accroche et qu’à la fin de cette démo le joueur se dise:
« Oh putain il a l’air trop cool ce jeu, il faut que je l’achète maintenant pour connaître la suite sinon je vais avoir une vie trop malheureuse si je sais pas !! ».
(bon, ptête pas à ce point là mais un peu quand même)

Ergonomie
Je ne suis pas expert en game design/ergonomie/tout ça, et puis on ne voit pas grand chose à cause de la durée de la démo, mais je trouve que certaines choses sont trop complexes et n’ont pas lieu d’être.
Exemples:

  • Le bouton pour avancer est tellement pas évident qu’il y a un panneau expliquant ce que ça veut dire… Ça serait pas plus simple de juste mettre une flèche (stylisée) vers l’avant ?
  • Les menus m’ont l’air un peu trop confus avec des icônes trop petites ou des étapes dont on se demande l’intérêt (genre d’avoir 10 choix de profils pour une démo qui dure 30 secondes)

Ok, donc la première étape, c’est de changer tout ça pour améliorer le jeu et son attractivité.
Maintenant passons au :

Site Internet
Alors premier point, je n’aime pas du tout les sites « full flash »…
Ça a plusieurs inconvénients, on ne peut pas faire de control + click pour ouvrir dans un nouveau tab, il faut se taper les animations, le son, etc… Bon bref… Là c’est « moins grave » car c’est un site de présentation d’un jeu, mais c’est juste par principe, faut que je râle dès que je vois un site full flash 🙂

Par contre un autre problème, peut être plus important dans ton cas, c’est que c’est un site vitrine. Il n’y a aucune interaction avec tes joueurs potentiels. Ils viennent, il regardent si ça plaît ou pas et ils ne reviennent plus. Il faudrait changer cela, et la meilleure méthode pour commencer serait peut être de mettre tout simplement un blog en place pour montrer l’avancement de tes projets, que les visiteurs s’y intéressent et qu’ils puissent communiquer avec toi par commentaires interposés.
Par contre il faut éviter le forum à cette étape, il risque d’être désert.

Comme tu es tout seul sur ton projet, il faut que tu joues sur l’aspect « découvrez le mec qui fait ça derrière, oh qu’il est sympa ! ». C’est ce qui a fait le succès de lafraise.com à ses débuts, le fait que le gars racontait toute la création de la boîte dans son blog.

Aspect communication – business
Si ça ne marche pas super à mon avis, c’est que toute la com’ que tu as pu faire a du emmener les visiteurs vers ton site et ils ont du se dire la même chose que moi: « c’est joli mais la démo ne donne pas envie ».

Conseils:
Ce que je vois à faire de mon point de vue:

  • Corriger les petits défauts d’ergonomie du jeu
  • Faire une vraie démo
  • Faire tester le jeu et la démo à des personnes qui te diront vraiment tout ce qui ne va pas dedans (pas à quelqu’un de ta famille qui va te dire que c’est génial pour te faire plaisir). Après tu fais tester ta démo à quelqu’un qui n’a jamais joué à ton jeu, et tant que personne n’est prêt à vouloir acheter le jeu une fois la démo finie, c’est qu’il faut encore améliorer le jeu et/ou la démo !
  • Une fois ton jeu et ta démo vraiment prêts, retourne faire un tour sur les sites dédiés aux jeux d’aventures, file des versions gratos aux sites et aux personnes ayant un blog pour qu’ils te fassent de la pub
  • Être référencé sur un site généraliste: je doute que ça serve à grand chose, tu vas être au fond d’un catalogue où des gens vont peut être te trouver par accident…
  • Rend ton site plus interactif avec ses visiteurs
  • Contacte les portails de jeux casual pour voir s’ils peuvent être intéressés pour distribuer ton jeu
  • Contacte les éditeurs de jeux « budget » (Micro Application, Mindscape, etc.) pour voir si ça peut les intéresser

Si avec ça rien ne marche, ben rajoute des filles dévêtues dans ton jeu 🙂

Comment désintéresser des étudiants de l’entrepreunariat !

13 décembre 2008 - 00:40 | Dans Business & startups | 5 commentaires

Bon, j’vais peut être m’attirer des problèmes avec cet article, mais tant pis…
Je vous préviens, c’est du 36 15 ma life.

Contexte
Fin novembre, j’ai participé à un « challenge » de création d’entreprise qui réunissait toutes les universités de la région Nord-Pas de Calais (nb: je suis en formation continue 2 jours par semaine, je ne suis plus un étudiant standard).

Le programme est le suivant: le matin dans l’université pour l’aspect créatif, l’après midi tout le monde est réuni au même endroit pour faire un dossier sur le sujet choisi parmi toutes les propositions du matin.
Bon, soit… allons y…

La matinée
On arrive le matin, et l’organisateur nous dévoile le fabuleux thème de cette année:
« Le thème sera donc Bienvenue chez les ch’tis ! »

Hum… comment décrire ce que l’on ressent quand on entend ça…
J’vais vous donner un exemple: dans ce monde terrible dans lequel nous vivons, avec ses catastrophes, sa pollution, son auto-destruction écologique, ses hommes politiques, son déclin économique, sa star academy et ses projets de mmo amateurs foutus d’avance, et bien on se demande pourquoi on ne se tire pas une balle tout de suite…
La réponse est simple, car on garde tous au fond de nous une petite bougie avec la flamme de l’espoir. C’est cette flamme vacillante qui nous fait dire que si toute l’humanité arrêtait de se foutre sur la gueule, devenait un peu moins conne et qu’on devenait tous des copains d’amitié, alors on pourrait enfin créer un monde parfait en vivant en harmonie tous nus dans la nature (bon après vous prenez l’utopie que vous voulez hein, j’impose rien). Par exemple l’élection d’Obama a ravivé cette flamme dans le coeur de beaucoup de monde, car « yes we can chaaange the wooorld ».

Pourquoi je raconte tout ça ? C’est parce qu’à l’énoncé du thème (plus précisément sur le « i » de « ch’tis »), c’est comme si toutes les bougies des gens dans la salle s’étaient éteintes d’un coup dans un petit nuage voluptueux… voilà, c’est fini, l’humanité est condamnée, on va tous crever… on est en train de sacrifier une génération potentielle d’entrepreneurs avec un thème qui commence à tous nous gonfler sérieusement… monde de merde…
(oui, j’aime bien dramatiser)

A ce moment, devant le non-enthousiasme général de la salle, l’animateur tente de sauver les meubles avec un « nan mais en fait, c’est parce qu’avec le film il va y avoir beaucoup plus de touristes l’année prochaine et donc le but c’est de trouver une idée de création d’entreprise qui permette d’en tirer profit ».

Mouaich, soit… ça sent à fond le Conseil Régional qui sous-traite gratos sa stratégie touristique, mais passons…

Donc le matin c’est sur la créativité (enfin on a 50 minutes en fait), c’est plutôt sympa malgré le sujet, bien que l’on ne sache pas vraiment ce que l’on doive faire vu que les consignes ne sont pas claires: on demande de la créativité, mais il faut un projet tangible pour capitaliser sur ces touristes, ouais mais c’est pas forcément le truc le plus créatif qui marchera dans ce sens là… bref, c’est confus mais tant pis…

L’après midi
L’après midi, on nous transporte en bus à Liévin, ville se distinguant par … euh… ses terrils
On arrive dans un showroom de concession automobile sans voitures mais plein de tables et d’étudiants, et on nous dispatche un peu au pif sur les différentes tables, voilà, les équipes sont faîtes avec des étudiants d’origines diverses (entrepreunariat, compta, marketing, communication, etc…)…
L’ambiance est sympa, vu que c’est juste un jeu. Certains sont là sans savoir pourquoi vu qu’on leur a rien dit avant (vdm pour eux), d’autres ont partiel le lendemain et avaient normalement leur après midi pour réviser mais on les a obligé de venir (vdm aussi).

On nous annonce alors le sujet qui a été retenu: le « ch’ti parc », un parc d’attraction ch’ti… … gros soupir….
Bon, soit… il faut faire quoi ?
Première étape: faire en 45 minutes un powerpoint de 4 slides de contenu sur le projet et sa stratégie.
Il y a alors un gros chrono qui s’affiche sur les télés avec le son des secondes piqué de 24 Heures Chrono (son qui se fait entendre tous les 15 min) pour bien mettre la pression (oui, done to death, je sais).
Alors pour info, découvrir un sujet, ce qu’on demande de nous faire, trouver un nom, faire des slides et s’organiser avec des personnes qui se sont jamais vues avant sur un projet qui n’intéresse personne, et faire tout ça en 45 minutes, vous ne pouvez grosso modo que faire un truc très merdique…

Mais ce n’était pas fini…
2e partie: 1h15, faire un plan de financement et compte prévisionnel sur 3 ans dans un fichier excel !!
Et là, ça devient du n’importe quoi… On a aucun chiffre, aucune idée ni connaissance de ce business, et on nous demande de sortir le prévisionnel en personnel ou électricité de notre chapeau magique…

Au bout de 20 minutes, je laisse tomber l’affaire, ça n’a absolument aucun intérêt. Ce challenge fait chier toute l’équipe, je vois bien qu’ils sont tous dégouttés et quand on leur demande, c’est clair: ça leur donne pas du tout envie de créer leur boîte un jour.
J’ai donc préféré passer le reste du temps à discuter avec la jolie demoiselle du groupe (bah oui, maintenant que je suis là… 🙂 )
Le point d’orgue de ce grand n’importe quoi arrive à la moitié de cette 2e partie, où voyant tous ceux qui galéraient à faire leur fichier excel from scratch, on nous annonce qu’en fait il y a un fichier prévu sur les ordis à disposition et qui contient tous les champs à remplir… (on doit toujours inventer les chiffres, mais maintenant on sait quels chiffres on doit inventer ! super…)
Oh les boulets, ils pouvaient pas le dire au début ? Et le pire, on y trouve aussi un template pour les slides qu’il fallait rendre à la première partie… sympa d’avoir prévenu…

Voilà, et au final, tous les organisateurs sont très contents, trouvent que l’idée du ch’ti parc est très bien et pourrait être déclinée dans toute la France (ben bien sûr…) et tous les étudiants se consolent sur le buffet.

C’est quoi cette méthode à la con ?
Alors pourquoi je suis si énervé là dessus ?
Parce que ça me désole de voir autant de moyens et de bonne volonté avoir l’effet contraire de ce qui était souhaité. Clairement, ceux qui avaient un projet n’ont rien appris et se sont fait chier, et ceux qui n’en avaient pas sont clairement décidés à ne pas créer.

Voici une analogie pour mieux comprendre :
Imaginons, j’aborde une fille dans la rue juste sur le critère qu’elle n’a pas d’alliance (= étudiants). Je la fais venir directement dans un restaurant chic avec une ambiance sympa (= ambiance sympa du challenge). Mon but est de sortir avec elle (= donner envie d’entreprendre).
Mais alors qu’on est installés et qu’elle commence à se sentir à l’aise, je sors un gros réveil qui fait tic-tac sur la table en lui disant qu’elle a 10 minutes pour tomber amoureuse de moi ou sinon je m’en vais. Et là, au lieu d’essayer de l’intéresser (vous savez les trucs bateaux, t’as de beaux yeux, tu sens bon…), je sors ma feuille d’impôt et je veux voir avec elle dans quelle tranche d’imposition je serais si je me marrie avec elle et comment on gère le partage de l’usufruit de la nu-propriété sinusoïdale beta HXC 12 alinéa 24.

Voilà, après faut pas que je me plaigne d’être célib dans ce cas là.

C’est ça qu’ils ont totalement foiré, et je ne comprend pas qu’autant d’organisateurs ne s’en soient même pas rendus compte. Si on veut intéresser les gens à la création d’entreprise, il faut les motiver, les faire rêver, leur mettre des petites étoiles qui brillent dans les yeux !! et non pas leur faire subir la partie la plus chiante dès le départ sur un sujet qui ne les intéresse pas du tout ! c’est suicidaire !

Voilà, j’ai fini…
Vous pouvez reprendre vos activités qui sont (je l’espère) bien plus intéressantes.
La maison ne remboursera pas le temps que vous avez perdu à lire tout ça.

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